Descubre la obra contemporánea de Alex Claude
1997 DNSAP, École nationale supérieure des beaux-arts, Paris
avec félicitations du jury / Premier prix de l’estampe du Jury des Fondations
1996 Erasmus, Central saint martins college of art and design, Londres
1993 CEAP, École supérieure d’art de Lorraine
Expositions (choix)
2020 Exposition personnelle : Renaissance, galerie L’oiseau rare, Strasbourg
2019 Mostra d’Arte de Civitella d’Agliano, Italie
2019 Galerie Negenpuntonegen, Roulers, Belgique (en permanence)
2019 Galerie Alfred Sküll, Bruxelles, Belgique (en permanence)
2018 Galerie Jasper 52, New York, USA
2018 YIA, Carreau du temple, Paris
2017 Résidence d’Artiste au Manoir de Mouthier-Haute-Pierre, Pays de Courbet
2017 Exposition personnelle : L’écorce des jours, musée Georges Garret, Vesoul
2016 Exposition personnelle : Paysages, musée de la Tour des Échevins, Luxeuil-les-Bains
2005 Exposition personnelle : À fleur de peau, Centre Culturel de Skurup, Suède
1998 Exposition personnelle, Galerie Pascale Cottard-Olson, Stockholm, Suède
1998 Lauréat du Prix de l’estampe, Jury des fondations, Paris
1998 Sélectionné pour Le 10 ème Mois de l’estampe, Paris
1998 Sélectionné par la fondation Peter-Stuyvesant au l0è SAGA/FIAC
1997 Exposition collective, Festival d’Art Contemporain Arte-Viva, Sénigallia, Italie
1997 Exposition personnelle, Galerie J-L Magnan, Paris VI
1996 Exposition collective, Institut français de Bucarest, Roumanie
1995 Exposition collective, Ambassade de France, Bucarest, Roumanie
CORPS DE L'ŒUVRE
Alex Claude est avant tout un artiste du sensible. Ses œuvres ne sont ni des concepts ni les enjeux d’une écologie nouvelle. Son travail ne relève pas du discours, mais bien de la représentation figurale issue de la grande tradition picturale. C’est de ce désir premier d’exprimer par des formes, des couleurs, des matières et des lumières que surgissent ses paysages intérieurs – lacs, marines, collines, étangs – souvent graves, parfois désolés. Mais toujours nés de ce rapport personnel qu’Alex Claude entretient avec la peinture. La très belle photographie montrant l’artiste en plein travail qui ouvre ce recueil l’atteste aisément.
L’acte de peindre, magistralement saisi par ce cliché, expose le face-à-face intime qui s’établit entre le plasticien et l’œuvre. La proximité calculée, la concentration extrême, le regard perçant, la sûreté du geste, tout exprime ici la complète maîtrise, le contrôle évident et la parfaite sérénité. Alex Claude assume pleinement le jeu des pinceaux et des brosses, l’effet des coulures, l’effacement des couleurs, le frottage de la matière et les conséquences du palimpseste. Sa maestria se révèle dans son atelier : de l’exécution des premiers jets – organisés sans dessins préparatoires – jusqu’à l’achèvement intense et méthodique. La répétition des cadrages toujours singuliers, une ligne d’horizon placée en général assez haut, des plans définissant des perspectives lointaines, des points de vue en plongée sont autant d’éléments de composition qui font perdre les habituels repères visuels du spectateur. Et pourtant, rien n’est illisible dans ces représentations. Qu’est-ce à dire ? Sinon que, sous une peinture intelligible, se dessine en filigrane une image seconde qui double et cherche à infiltrer chacun de ces paysages d’apparence tranquille. Or, cette force sous-jacente est indomptée, cruelle ; chacun d’entre nous peut en percevoir les effets : entames, griffures, rayures, hachures, gravures… Toutes blessent et portent atteinte au corps de l’œuvre ! Car c’est bien de lui qu’il s’agit ici ; c’est bien lui qu’interroge Alex Claude dans une pratique artistique dont la violence à peine retenue laisse échapper tout autre chose que la vision raffinée d’environnements silencieux.
Il n’est pas dans mon intention d’interpréter les raisons pour lesquelles Alex Claude fait subir à la peinture des opérations plastiques qui rayent la chair, l’écorchent, la strient, l’entaillent… La matière en porte les traces ; le support en garde les stigmates. Mais nous sommes en droit de nous interroger sur ses conséquences, dès lors que la réception de tout son œuvre peint se prête à une équivoque insolite. Dans la singularité de ses paysages, la contemplation se fait attitude esthétique. Ni vierge ni immaculée, celle-ci est entachée du travail de la peinture. Pourquoi processus si violents, plasticité si brutale pour des représentations qui appellent a contrario quiétude et apaisement ? Parce qu’à l’inconscient de l’artiste répond celui de l’œuvre. Parce qu’au savoir-faire d’Alex Claude s’oppose l’intense travail de la picturalité – cette puissance irréductible qui s’affranchit des bienséances et de toutes les convenances.
La plénitude de l’expérience esthétique a partie liée avec des forces qui la débordent. Toute entière dans le glacis raffiné des surfaces, dans la palette la plus délicate, dans l’habile jeu des ombres et des lumières, dans la subtile transparence des médiums, elle ne doit pas nous faire oublier que les paysages intérieurs de l’artiste livrent au regard quelque chose qui fait violence à notre œil dès lors que nous voulons bien dépasser l’évidence des représentations. Modèles de sensibilité plastique et d’intelligence, les images affirment ici un statut singulier.
L’une des réussites – magistrale – de l’art d’Alex Claude réside dans cette détermination qui perce à travers la répétition du même. À l’examen de ses œuvres, il est aisé de comprendre que leur extraordinaire attrait autant que leur immense intérêt tiennent au mouvement du pinceau et à la pensée qui en conçoit l’exécution. C’est suffisamment affirmer que la peinture trouve ici sa meilleure expression – la plus intime et la plus touchante.
Olivier Deshayes, Paris, septembre 2018