Descubre la obra contemporánea de Jurgen EHRE
Jürgen EHRE
Né à Kassel, Allemagne, en 1941
Études de décoration, arts graphiques, décor scénique.
Depuis 1963 réside à Paris
1963-1967 études à l'Ecole Nationale Supérieure des BEAUX-ARTS, Paris :
Peinture, Lithographie, Gravure Atelier : Profs. Jean E. Bersier, Lucien Coutaud,
Eugène Clairin, Georges Dayez.
Peinture, Lithographie, Gravure
Malerei, Steindruck, Kupferstich
Réalise de nombreuses expositions en Europe, participations en Angleterre, USA, Asie.
Dans l’étendu du réel, EHRE se place aux frontières de l’inconnu, là ou l’intuition l’emporte.
Cet inconnu, il faut la manipuler avec soin, pour ne pas le trahir. Pour le saisir, il faut lui tendre un piège, mettre en place les instruments qui perceront les secrets de la transparence.
EHRE crée d’abord un espace neutre, un espace particulier où vont évoluer librement les formes. Le noir est cet espace. Il accentue le côté fugitf des choses, révèle les vides, les associations, projette la diaphanéité des corps. Sur (et dans) cet abîme noir viennent se profiler des éléments choisis avec soin : éléments tensionnels ; objets allusifs ; lumière rayonnante ; signes plastiques.
Les flèches indiquent les champs de force, délimitent le vide, créent un plein doué de tension où tout bouge dans un espace/temps aux références inhabituelles.
Les écrans, les tracés, les fils conducteurs, les appareils d’enregistrements, les électrodes, les grilles, ramènent à un temps réel, à une opération qui consisterait à rendre possible un droit de regard sur la face cachée de la connaissance. Ce sont des amplificateurs, des révélateurs extrêmement sensibles.
La lumière, l’incandescence, le transparence- l’érosion du noir- indiquent un espace intermédiare où l’on peut repérer avec clarté cette fluide réalité des suggestions, des assciations d’idées, des rapports subtils. Le halo engendre une certaine inquiétude. L’incertain devient saisissable et l’énergie irradiant accumulée accentue les contrastes.
Lettres et chiffres sont par contre prsque toujours des signes purement plastiques.
Ce brouillage de la réalité n’est pas gratuit. EHRE veut nous montrer une présence cachée. Un lien entre la science et la magie. Il lui faut pour cela reconstruire l’image grâce à la sensibilité et l’intuition.
« Je regarde là où le mystère ouvre le passage de l’être au néant. Ce que j’exprime se situe à l’intersection des courtcircuits et des images, et la recherche, nécessairement analytique, est aussi pleine d’ironie. »
Pour EHRE, la substance de la peinture vient de l’inconscient. Pour y accéder l’observateur doit rester très attentif et s’affranchir de tout cliché.
Dans ce terrain vierge les similitudes sont déterminantes. Les animaux sont des prédateurs, des corps en mutation, le double de l’homme. La présence de celui-ci se dessine derrière les singes et les grands félins. Parfois c’est l’homme-chasseur qui met son masque rituel, et il se produit alors un « transfert du moi aléatoire » qui met à nu la puissance de la mort. Le passé et l’avenir, l’homme-animal, l’homme-machine et l’animal-machine, le fonctionnement du mental enregistré par les outils de la science et par le réseau allusif de la magie, l’automatisme de l’écriture guidant la découverte, ouvrent des voies nouvelles et fascinantes à la quête du réel. La réalité n’est pas stable. Elle se transforme sans cesse, elle se modifie. EHRE voudrait arriver à l’instantanéité de la prise et, de ce fait, à la vision spectrale du double pressenti.
Dans l’espace/temps ambigu matérialisé par le noir, EHRE inscrit l’image d’un invisible chargé de sens.
Il est nécessaire, pour le faire, d’avoir beaucoup de courage et de sensibilité.
Egidio Alvaro, mars 1975