Descubre la obra contemporánea de FMZ Fred Morgan
Le champ de signes de Frédéric Morgan
Pour Frédéric Morgan, l'art est et sera toujours synonyme de liberté. Il s'inscrit dans cette culture Born to be wild où l'on roule à moto sans casque. Non pour braver règles et lois comme dans Easy Rider. Mais parce que l'on aime sentir les doigts invisibles du vent nous caresser les cheveux. Tout est fait au feeling. Comme un solo de guitare. Désolé, ce n'est par un parti pris artistique. C'est encore bien pire : un style de vie. Rock'n'roll.
Enfant perdu du 20ème siècle
Frédéric Morgan cherche à retrouver dans ses créations ce même plaisir éolien des pionniers qui l'ont inspiré. Avec manifestement Robert Indiana et son Love comme figures tutélaires. Ses caractères typographiques omniprésents revendiquent cet héritage à la lettre. On sent aussi poindre, entre les pleins et les déliés, un zeste de Récup'art façon Edward Kiehholz. Il agit comme un révélateur d'une fascination civilisationnelle patente pour les icônes du 20ème siècle. Nous sommes en terrain connu. Mais Frédéric Morgan penche dans les virages.
Bateau ivre
Nous nous trouvons chez lui face à un chant du cygne grunge du mythe de la modernité. La mentalité Rebel without a cause s'impose dans ses œuvres comme seule et tyrannique esthétique. Ce jusqu'au-boutisme romantique est par définition au-dessus de toute concurrence. On rompt les amarres. Le Bateau ivre donc. Et sa dérive devient celle d'un rêve à tous né d'un âge d'or Pop dont les néons restent pour Morgan des lampes magiques.
Diplômé de la R'n'R High School
En termes de CV, Frédéric Morgan a très logiquement séché avec méthode les figures imposées des parcours classiques. Aux écoles d'art et galeries-tremplins, notre homme, sans doute un peu sauvage, a préféré les jurys de projets de communication et les expositions en devantures de commerces. Il a choisi l'art de l'enseigne plutôt que l'enseignement de l'art. Comme un chien sans collier se construit, de maître en maître, un pedigree. L'art ne compte pas qu'une seule école. Et certains voient ses chapelles comme des niches. Ils ne mordent pas.
Rebelle académique
Chacun son sceau de qualité. Ici aussi, c'est « Liberté, je sculpte ton nom ». En posant au passage que art = gratuit = perso. Car c'est là que Frédéric Morgan pose sa frontière à lui entre art et design graphique. Tout en soulignant volontiers que ce dernier jette des passerelles vers la déco et le design intérieur. Débat à ouvrir. Mais si Radiguet avait lu Lipovetsky, il n'aurait pas été Radiguet. Et Radiguet était rock. Ce qui clôt, à propos d'œuvres de culture Pop, tout débat entre Beau et esthétique.
Plexidigitateur
Son métier a permis à Frédéric Morgan d'apprendre à maîtriser en live les techniques et matériaux de l'art de la communication grand public en 3D comme le plexi. Il les détourne avec une belle maestria pour produire des commandes sans autre commanditaire que lui-même. L'équation devient : art = nouvelles techniques + liberté. Comment appeler un travail d'artiste où l'on se donne soi-même carte blanche ? De superbes figures libres.
Expert en détournements
Frédéric Morgan crée des œuvres comme on écrit une pop song. Leurs titres le disent quand ils ne le crient pas. Tout l'art consiste ici à trouver la typo, les couleurs, les dimensions qui feront par exemple que l'on rêve d'accrocher un titre de chanson mythique des Pixies en lettres de lumière sur son mur. Depuis les années 90, la culture rock est devenue un art classique. C'est une langue hyper-normée et même surcodée. La langue toujours vivante que tirait au monde les Rolling Stones dans les années 70. Les années Pop.
Aventurier urbain
Dans ce monde bourré de références qu'aime à fréquenter Morgan, tout le travail se fait dans un mouchoir de poche. Il ne s'agit pas vraiment ici de créer du nouveau mais de l'inédit. Académique mais inouï. Futur vintage ! Fondu dans cette logique dominante du genre, le Beau artistique n'est pas le but de la recherche. Il n'y a pas de quête. L'esthétique est donnée d'entrée. Et elle ressemble beaucoup à la décharge urbaine et médiatique où vient également le Street art aujourd'hui. C'est dans ce no man's land très fréquenté que commence l'aventure. Les boots de Frédéric Morgan sont faites pour marcher.
Titulaire de lettres de noblesse
Tout élément entrant dans l'œuvre a déjà un sens au moment où l'artiste le prend en main. Le matériau de base de Morgan n'est pas brut mais constitué en lui-même de signes et même de signes sacrés. Icônes artistiques des Sixties + Icônes BD ou mangas des Eighties. Tel un César des cultures binaires, Frédéric Morgan malaxe des icônes pour sculpter des totems 7ème art et autres fétiches arumbayas au deuxième degré. Mais toujours sans dérision aucune.
Sculpteur de néons vintage
Pourquoi les œuvres de Frédéric Morgan, bien que référentielles à foison n'ont-elles pas de deuxième degré ? Parce qu'il aime au premier degré tous ces signes chargés de sens qu'il brasse, tord, découpe assemble dans ses créations. Et il sait qu'il ne sera pas le seul à les aimer. LOVE a écrit en grand Indiana. Frédéric Morgan rallume cette lumière bleu blues dans la ville. Rimbaud avait un très beau mot pour parler des enseignes. Il les appelait des Illuminations.