Descubre la obra contemporánea de Shantala
Présentation
Après un parcours personnel pluriel : de longues études universitaires poussant jusqu'au doctorat Art, une auto-entreprise en Ingénierie de projets artistiques et culturels et, en parallèle, une dizaine d'années dans l’enseignement supérieur en Arts et Design, j'ai décidé de sauter le pas et de me consacrer entièrement à ma création artistique.
Cette passion d'enfant, devenue loisir d'adolescente, a toujours existé en filigrane déss(e)inant l'ensemble de mon cheminement personnel, professionnel et artistique. Aujourd'hui, artiste en voie de professionnalisation, j’inscris ma pratique dans mon quotidien comme un métier !
Je travaille la Peinture acrylique sur toiles, papiers recyclés ou d'autres supports. Je développe des créations autour d'une palette de couleurs naturalistes et explore la lumière et la profondeur en associant l'ensemble de la gamme des bleus et des ocres. En les contrastant d'une part, en les poussant à leur extrême, j'accentue la perspective atmosphérique; en les dégradant progressivement d'autre part, par la technique du sfumato, j'adoucis cette fois-ci les contours créant ainsi un dialogue visuel qui joue sur la perte du regard, la perte des repères dans l’espace et le temps.
Démarche générale
« Le paysage est un point de vue, une manière de percevoir le monde. Il n'existe pas en soi, indépendamment du regard et de la pensée humaine. Il est une sorte de grille, de voile mental que l'être humain place entre lui et le monde, en produisant par cette opération le paysage proprement dit. […] Dans cette perspective, étudier un paysage s'identifie souvent avec le fait d'étudier une forme de pensée de perception subjective, et plus généralement une expression humaine informée par des codes culturels déterminés. » Jean-Marc Besse (Le paysage entre le politique et le vernaculaire-2003)
Mon travail s'inscrit résolument dans un style figuratif à la croisée de l'expressionnisme, du symbolisme et du surréalisme. Le résultat de ce processus mêle représentation du visible et subjectivité. C'est une quête de l'absolue, de l'invisible, de l’indicible, de l'impalpable. Une recherche sur l'immensité des espaces, de ces territoires non perceptibles à l’œil, qui se superposent, s'interpénètrent, se recomposent et nous composent.
Il y a au travers de cette pratique, une volonté d'abolir les frontières spatiale et temporelles, de réinterroger la position même du spectateur, tant dans son appréhension mentale et réflexive que dans sa faculté perceptive, de conduire à une nouvelle forme de contemplation où seules les impressions personnelles, l'émerveillement du premier regard, le sentiment des premiers instants comptent.
Les réflexions autour de la question de Paysage sont assez récentes dans ma recherche artistique. Les oeuvres présentées ici, issue de la série "Paysages Perceptifs" questionnent la dimension perceptive et symbolique de l'expérience faite du paysage.
Ce travail n'a rien à voir avec une forme paysagère qui a été codifiée par la peinture depuis la Renaissance. La question du paysage, qui passait par la découverte de la « nature » et dont le résultat était une représentation parfaite, voire illusionniste de ce qui se présentait devant les yeux de l'artiste, est en mon sens encore trop souvent qualifié de paysage en tant qu'objet de contemplation. Je souhaite me rapprocher d'une démarche perceptuelle qui consiste à questionner les sentiments de ceux qui le vivent, prenant en compte la dimension sensorielle et aussi visuelle. Ainsi considéré, le paysage devient un produit de l'imaginaire, il n'est ni un lieu, ni un objet, mais le fruit d'une perception, composé de données physiques, biologiques, sociales, historiques, etc. propre à chacun.
Me rapprochant de l'idée selon laquelle « le paysage est une substance » ( Anne Cauquelin – L'invention du paysage), j'explore la notion même de paysage non pas comme un ornement de la peinture mais comme une réalité qui va bien au delà du tableau, une réalité à part entière. Mes œuvres sont ainsi une entité vivante et stimulante à partir de laquelle se dégage une nouvelle manière de voir et d'imaginer le monde.
Comment ma création peut-elle relier ce qui est accessible par les sens – ce qui est immatériel – de ce qui s'atteint par l'intelligence de la pensée – à savoir le matériel ?
Processus
Mes œuvres sont davantage intéressées par l’acte de peindre que par des thèmes précis bien qu'inévitablement inspirées des paysages célestes. Il n'y a pas de préparation, il n'y a ni choix du sujet, ni esquisses, me permettant d'être uniquement concentrée sur les émotions du moment et les pulsions inconscientes. Une forme de force créative de l'instant me ramenant à des gestes automatiques semblables au concept de l’automatisme pictural. Cette une première étape de mon travail, une forme « d'état de grâce » durant lequel je ne suis pas en réflexion mentale mais dans une forme d'état second où le subconscient se concrétise visuellement sur la toile. Cela va constituer la base de ma peinture, son rythme, sa circulation, ses zones d'ombres, de lumières, etc .
C'est dans un second temps que la prise de recul se fait, que les couleurs et les plans s'organisent en tant qu'espaces se formant par superposition, par stratification voire surimpression me rapprochant ainsi de l'idée de « feuilletage spatiale » de Jean Arnaud et de l’expérience faite des espaces multidimensionnels. Bien que les codes académiques de constructions d'un paysage restent présents dans mes œuvres, je rompt avec la perspective linéaire, perturbe l'horizon, transforme le rapport d'échelle, investis les marges et le hors champs, change le point de vue du spectateur pour faire surgir la quatrième dimension et déstabiliser nos perceptions, nos représentations en inventant une autre relation au monde.